Histoire et géographie

Entre plaines et montagnes

Situé entre plaines et montagnes, Champeix bénéficie d’une position géographique de premier choix, sur un sol relativement chaotique mais propice à diverses activités qui firent la prospérité du bourg jusqu’à la fin du 19e siècle. Du fait de son terrain accidenté en bordure de la vallée de la Couze Chambon, le village a très tôt tiré parti de son sol hérité d’une activité volcanique intense pour développer la culture de la vigne. Cette activité, très ancienne sur la commune, a non seulement façonné le paysage (les terrasses, ou pailhats, sous toujours visibles de nos jours) mais aussi l’architecture du bourg où nombreuses et profondes sont les caves des maisons vigneronnes. Sans compter le nom même de Champeix, vraisemblablement issu de campellis, un mot occitan (ou langue d’Oc) signifiant « petit champ ».

De par sa position géographique entre les contreforts du massif du Sancy, terre d’élevage par excellence située à l’ouest, et Limagne, plaine céréalière fertile s’étalant à l’est, Champeix fut un haut lieu de foires et de marchés où s’échangeaient toutes sortes de denrées provenant des deux milieux. Ses nombreux jardins maraîchers situés en bord de rivière, sur une terre alluvionnaire, ont également longtemps alimenté le marché local. Cette position lui a valu une histoire particulière.

Une histoire ancienne

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Les vestiges les plus anciens du village datent du XIe siècle, à l’époque où Champeix se nomme « Campelz ».
À partir de 1225, la seigneurie et le château de Champeix relèvent d’une branche célèbre des comtes d’Auvergne, les Dauphins, qui en feront une de leurs résidences principales. Cité dans une charte de 1262, Champeix apparaît déjà comme un lieu d’échanges et de productions variées (céréales, vin, fruits). De nombreuses foires et marchés se tiennent à proximité château. De cette activité marquante le quartier du château a gardé le nom de Marchidial (lieu de marchés).

Le Dauphin Béraud III, accorde en 1423 une charte de franchises aux habitants, signe de l’importance commerciale de la cité. La charte évoque également une enceinte villageoise. Au XVe siècle, les possessions des Dauphins échoient aux ducs de Bourbon, ce qui vaudra à Champeix d’être représenté dans l’Armorial réalisé vers 1450 par Guillaume Revel pour Charles 1er, duc de Bourbon. La seigneurie est vendue au début du XVIe siècle à un puissant bourgeois issoirien, Thomas Boyer, seigneur de Saint-Cirgues. Sous l’ancien Régime, Champeix est le centre d’une vaste seigneurie acquise en 1732 par le maréchal Yves d’Allègre. Celui-ci transforme l’ensemble de ses possessions entre vallée des couzes Chambon et Pavin en « marquisat de Tourzel ». Par le jeu des héritages, deux intéressantes figures féminines du XVIIIe siècle seront « seigneur » de Champeix : la marquise de Rupelmonde, égérie de Voltaire et Madame de Tourzel, gouvernante des enfants de Louis XVI.

 

XIXe siècle XXIe siècle : du déclin au renouveau

À l’orée du XIXe siècle, le village compte environ 2000 habitants, soit une densité de 165 hab./km², très importante pour un milieu rural, accidenté de surcroît. Le travail de la vigne et des arbres fruitiers en terrasses nécessite de nombreux journaliers employés dans des exploitations de taille réduite. L’exode rural s’est amorcé mais la population se maintient pendant les deux premiers tiers du XIXe siècle autour de 1800 habitants, grâce à la production viticole exportée vers Paris. C’est alors la culture qui assure en Auvergne le meilleur revenu. L’arrivée du chemin de fer à Clermont en 1855 dope cette culture, le vignoble auvergnat devient l’un des plus proches de la capitale. A partir de 1864, le phylloxera touche les vignobles du sud de la France ; le vignoble auvergnat s’étend encore, sa production compensant en partie le déficit des autres (34 000 ha de vigne en Auvergne en 1850, 45 000 en 1892). Il y a un fort besoin de main d’œuvre qui provoque à Champeix un arrêt de la baisse de population et même de 1882 à 1891 un regain d’habitants.

Le phylloxera apparaît à partir de 1895, détruisant très vite une grande partie du vignoble alors que les vignobles du midi savent déjà lutter. En 1901, il n’y a plus que 20500 ha de vigne en Auvergne. La petite paysannerie qui exploite ce vignoble ne maîtrise pas la technique des greffes et préfère replanter de médiocres hybrides à l’origine d’un vin de mauvaise qualité qui va donner rapidement une piètre réputation aux vins d’Auvergne et faire chuter leurs ventes. Champeix connaît une forte baisse démographique 1901 et 1906. À cela s’ajoute une sécheresse en 1904, le mildiou en 1910, des périodes de gel intense à plusieurs reprises entre 1900 et 1914. Le départ des hommes à la guerre dès 1914 provoque une nouvelle phase d’abandon de la vigne qui nécessite pourtant des soins réguliers donc une main d’œuvre présente. La crise des années 1920 porte un nouveau coup à ce vignoble. La population de Champeix se stabilise autour de 900 personnes dans l’entre deux guerres. Le village est donc l’ombre de lui-même avec un nombre d’habitants réduit de moitié en l’espace de 60 ans. La situation reste stable jusque dans les années 1950. A partir de cette époque la manufacture de pneumatiques Michelin à Clermont-Ferrand et l’aluminerie d’Issoire sont de grosses demandeuses de main d’œuvre ; elles organisent des recrutements et des circuits de ramassage des ouvriers dans toute la périphérie de ces deux villes. La population de Champeix située dans les deux sphères d’influence profite largement de ce dispositif. La main d’œuvre locale étant insuffisante, les usines ne tardent pas à avoir recours à une main d’œuvre essentiellement originaire du Portugal. Celle-ci s’installe à Champeix dans les nombreux logis vacants du village. A partir du recensement de 1962, la courbe de population s’inverse à nouveau pour croître vers 1100 habitants et s’y stabiliser jusque dans les années 1980.

Les temps modernes

À partir des années 1980, la population croît de nouveau, grâce à la situation géographique du village qui se trouve englobé dans la double sphère périurbaine de Clermont-Ferrand et d’Issoire.

Politiques locales d’aménagement et d’accueil

Depuis une dizaine d’années, la demande foncière a cru de manière importante en raison de l’étalement de la périurbanisation des agglomérations d’Issoire et de Clermont-Ferrand. La municipalité a souhaité dans ce cadre adopter une politique de limitation de l’offre de terrains à bâtir afin que le village ne s’entoure pas d’un halo de pavillons. Le Plan d’Occupation des Sols présentait dès 1995 un potentiel constructible, volontairement limité ; le nouveau Plan Local d’Urbanisme reconduit ces mesures.

Un accent particulier a été mis sur la restauration du bâti ancien. Plusieurs immeubles anciens du centre bourgs ont été réhabilités et transformés en logement sociaux. Cette volonté de développement de ce type de logements dans du bâti ancien a été relayé au niveau de la communauté de communes Puys et Couzes dont Champeix faisait partie avant la fusion des communautés de communes au sein de l’Agglo Pays d’Issoire. Les initiatives privées font également l’objet d’un cadrage précis grâce à la mise en place depuis 2007 d’une Zone de Protection du Patrimoine Urbain et Paysager (ZPPAUP) visant à protéger le patrimoine bâti local.

Politique d’accueil des touristes et des nouveaux arrivants

La route départementale traversant Champeix et l’un des accès principaux aux pôles touristiques du sud-ouest du département du Puy-de-Dôme (Massif du Sancy, Lacs…) ; 5600 véhicules passent chaque jour dans le village avec en période hivernale et estivale une grande part de touristes. Il existe par conséquent une forte demande d’hébergement de courte durée liée à ce passage. La commune réfléchit à une structure d’accueil type hôtel communal afin de satisfaire une partie de cette demande.

Là encore, plusieurs initiatives privées ont vu le jour au cours des dernières années avec la création de plusieurs chambres d’hôtes et de gîtes, structures « de charme » souvent aménagées dans du bâti ancien.

Une politique d’accueil des nouveaux arrivants est également conduite. Il faut toutefois remarquer que l’offre en bâti ancien est très faible ; ce qui reste disponible est extrêmement dégradé et avec une situation juridique complexe et difficile à maîtriser pour un particulier (indivisions). La commune rachète des fragments, clarifie les aspects juridiques et constitue des lots homogènes qu’elle revend à des particuliers. Plusieurs lots ont ainsi pu être vendus ces dernières années. Enfin, la politique de logements sociaux est également synonyme d’accueil de nouveaux arrivants puisque une partie des appartements créés à volontairement été réservée à l’accueil de population non originaires de la région.